Le Château d’Esparon
Written by Gazette Tropezienne on 11 juin 2022
Une histoire, avec un grand H, que Bernard de Castellane connaît sur le bout du cœur.
La voix posée et la rhétorique soignée, il relate : « En 972, mon aïeul, Pons-Arbald, a participé aux côtés du comte de Provence, à la bataille contre les Sarrasins, à Fraxinet, dans le golfe de Saint-Tropez. Suite à ce琀e victoire, divers territoires du haut Verdon, dont Castellane, lui sont attribués.
Deux siècles et demi plus tard, en 1218, l’un de ses descendants Boniface V épouse Agnès Spada, héritière de la seigneurie de Riez et de toute la région du bas Verdon, dont le fief d’Esparron et son château.
Afin d’affirmer sa possession, Boniface V fera construire le donjon. » Depuis, les Castellane n’ont jamais baissé la garde et se sont transmis le château, de père en fils, mais aussi d’oncle à neveu. « Ce cas de figure ne s’est produit qu’a deux reprises, précise Bernard.
La première fois, durant la Révolution. Mon ancêtre Jean-Baptiste n’ayant pas eu de descendant mâle, c’est un neveu éloigné Joseph Léonard qui a hérité de la seigneurie. Contraint d’émigrer en Angleterre, ce dernier s’est vu confisquer le château, vendu alors comme bien national.
Grâce à un divorce provisoire, sa femme restée en France, a pu le racheter et quelques années plus tard, ils se sont remariés. » La deuxième fois est contemporaine. « En 1989, mon oncle, qui avait 3 filles mais pas de garçons, me l’a légué afin qu’il reste dans la famille. Ce fut une surprise car je ne suis pas l’aîné. » Ravi de relever ce défi, le comte provençal mais de mère Belge, a quitté Bruxelles, sa ville natale, en 1996, pour venir s’installer au
château avec son épouse, écossaise, et ses deux jeunes enfants.
A peine arrivé, le couple a engagé d’importants travaux de restauration. « Ils ont été menés comme une campagne militaire, s’amuse Bernard. Au départ, il n’y avait ni chauffage, ni électricité.
Le premier hiver a été tellement froid que même la peinture gelait. Malgré ce, le chantier, auquel ont participé tous les corps de métiers à proximité, s’est déroulé dans une ambiance fantastique et en 9 mois, c’était fait. »
L’aile 18e siècle a ainsi été réhabilitée mais d’autres éléments de la bâtisse, maintes fois assiégée et remaniée, devront à l’avenir être rénovés, notamment l’aile renaissance et la tour sujette aux infiltrations. Afin de pouvoir financer ces travaux, soumis à l’approbation de l’architecte des Bâtiments de France, les Castellane ont décidé de partager leur paradis et leur passion en proposant des chambres d’hôtes. Plafonds moulurés, mobilier d’époque, cheminées en marbre…
D’un calme royal, qu’aucune télévision ne viendra perturber, les nuits au château sont de véritables invitations à voyager dans le temps. Juste une pause, loin de la frénésie urbaine. L’harmonie parfaite.