Famille Vachon

Pour cette première parution, la Gazette a choisi d’évoquer  la famille Vachon.

Et pour commencer le père, François, né à Toulon, d’un père tonnelier et Marseillais. Menuisier de son état, mais aussi passionné d’antiquités, d’archéologie, il exerçait volontiers ses dons de magnétiseur et c’est  grâce à son pendule qu’il découvre en 1933, dans les jardins du couvent, les vestiges d’une villa romaine.

Les rumeurs enflent très vite et l’on croit tenir le lieu de sépulture du chevalier Torpes.

Il n’en est rien et  François Vachon fait creuser le jardinier des religieuses mettant au  jour des objets, des murs, des monnaies anciennes, dont il dépose les relevés aux services d’archéologie de l’époque, à l’attention de Fernand Benoit , grand  historien et archéologue de la Provence.

Cette découverte est  la première significative sur le passé de notre village, avant celles plus récentes et toujours sur le site du couvent. François Vachon sera également élu au conseil municipal et capitaine de ville en 1938.

Il avait épousé Marie-Louise, née Annoi, dont l’une des sœurs, poissonnière , « endormait » les langoustes, avant de les poser dans le panier des belles dames de Paris, inquiètes des soubresauts du crustacé.

Marie-Louise  ouvre en 1928, une boutique sur le port « Tout pour la plage » première de ce genre à Saint-Tropez. On y trouvait alors chapeau de paille, espadrilles, tricots marins et autres canotiers,….

Très vite elle laisse libre cours à son imagination et réalise turbans en filet de pêche, jupes retenues par des lièges.

Pendant la seconde  guerre mondiale, le magasin se replie dans la rue Allard et dès la guerre terminée, la Maison Vachon regagne le port : Marie-Louise et Claire, mère et fille, se lancent alors dans la confection et créent leurs modèles.

Toutes les couturières de Saint-Tropez travaillent alors pour elles. Le goût de Marie-Louise pour les cotonnades imprimées relance l’intérêt pour les tissus Souleiado, très présents dans leurs créations, tout comme le célèbre tissu « Vichy ».

C’est la grande époque de la maison Vachon.

Parmi ses clients les plus connus, Michèle Morgan, Raimu, René Clair, Brigitte Bardot bien sûr et les têtes couronnées de l’époque revenant acquérir chaque été le dernier modèle en vogue.

Claire, qui a pris alors les rênes de la célèbre adresse, et que l’on surnomme « Manine », refusera d’ouvrir une boutique à Paris, préférant garder sa clientèle à Saint-Tropez et seulement à Saint-Tropez. C’était sans doute le secret de la réussite.

il est impossible de tracer le portrait de cette famille sans évoquer Alfred Vachon, Fredo, pour tous les tropéziens.

Pour beaucoup, il est resté le peintre, mais pour les plus anciens d’entre eux, il fut aussi l’interprète de Sganarelle, dans la célèbre pièce de Molière, mise en scène alors par l’Orpheon Tropézien, la  troupe de théâtre qui donnait ses représentations dans l’ancienne chapelle de l’Annonciade.

Bien sûr, il fut aussi, le président fondateur du Rampeù, avec Josette et Toni Bain, et Philippe Tallien, danseur talentueux avant d’être l’architecte des plus belles villas du Saint-Tropez des années 1960.

Artiste autodidacte, Fredo, dès sa jeune adolescence, dessinait  tout ce qui l’entourait à grands traits noirs jusqu’à  ce qu’une amie de ses parents lui offre une boîte de couleurs.

Il racontait volontiers qu’il partit aussitôt, près de la Chapelle Sainte-Anne, peindre la campagne.

Mais en jeune débutant, il avait préparé ses couleurs avec de l’huile d’olive !

Le premier tableau mit des mois à sécher et c’est avec d’infinies précautions qu’il le ramena  chez ses parents, aidé par son ami, Charles Bossero.

Cet épisode marqua le début de sa longue vie de peintre. Il expose pour la première fois en 1925, à Toulon.

Puis ce sera bien sûr Paris, la Galerie Weil, le Salon d’Automne. A Saint-Tropez c’est Georges Barry  qui l’accueille dans sa galerie du vieux port, ainsi que la galerie de la Bastide Grande de Philippe Tallien qui expose entre autres Clavé, Vasarely , Emile Gaud un autre grand peintre de Saint-Tropez.

Fredo faisait partie des « habitués « de cette adresse prestigieuse.

De l’atelier de la Fontanette, à celui, inondé de lumière et empli du parfum des rosiers de sa maison, « La recampado », quartier Bonne Source,  il n’a cessé de peindre Saint-Tropez, le port, les remailleuses, les danseuses du Rampeù, dans les couleurs radieuses que lui inspirait ce pays béni.

Dany Lartigue, qui fut son ami résume joliment son travail : « Tout à tour charmé par l’Impressionnisme, subjugué par le fauvisme, conquis par la rigueur du Cubisme et l’absolu de l’Abstraction, son génie pictural traversera sa vie de peintre comme un vol de papillons aux multiples métamorphoses jusqu’à l’apothéose de ses dernières œuvres où flambe la couleur … ».

Fredo a peint jusqu’à ses derniers jours, ce Saint-Tropez qu’il chérissait, autant que l’aimait ses parents qui n’ont jamais quitté la presqu’île .

Une famille simple et talentueuse, comme tant d’autres dont nous retracerons la belle histoire, capitaines au long cours ou simple marin, peintres, ouvriers, sportif de haut niveau, qui ont su mettre leur talent, leur métier, leur passion, et souvent toute leur vie, au service de leur village.