Jipouille
Written by Gazette Tropezienne on 28 juin 2021
Tout va bien jusque là !
« Appelez moi à 17h pour confirmer notre rendez-vous de 18h !»
Jipouille est évidemment très occupé : en ce début de déconfinement, les magasins ont eu l’autorisation de rouvrir depuis une semaine seulement.
A 17h05 : « Ah ? Il est 17h ? Bon, rejoignez-moi quand vous voulez au magasin, dans 10, 15 ou 30 minutes ! »
Je me présente évidement au mauvais magasin : sa femme Isabelle et lui-même dirigent deux belles adresses proches l’une de l’autre, rue Allard, l’une de prêt-à-porter, l’autre de bijoux !
« Il est dans l’autre magasin. » me dit Isabelle
Je retrouve Jipouille, fignolant sa décoration avec une de ses vendeuses : « Suivez moi, on sera mieux dans le magasin de prêt-à-porter ! »
Encore un qu’il faut suivre !
On finit par s’installer dans deux fauteuils près de la vitrine, au son d’une jolie musique d’ambiance.
Quand je lui demande pourquoi il est connu à Saint Tropez, Jipouille estime que ce n’est pas à lui de répondre et retourne la question à Isabelle et à une cliente-amie, présente ce jour là dans le magasin:
« Parce qu’il est sympathique » disent elles en cœur !
Bien sûr, il me dit aimer parler aux gens, avoir beaucoup baroudé, être pas mal sorti à une époque… mais je sens bien que c’est une réponse incomplète.
Je finirai par avoir la vraie réponse en fin d’entretien. Comme beaucoup, Jipouille est arrivé totalement par hasard à Saint Tropez… grâce à une rencontre en auto-stop !
St Tropez, ce n’était pas pour lui, pensait-il ! L’image qu’il en avait, ne pouvait pas correspondre à quelqu’un qui vient de la campagne à côté St Marcellin. Sa destination, c’était Cavalaire…
Oui mais voilà : l’auto-stoppeuse qui est montée dans sa voiture était la sœur d’un ami d’enfance ; elle avait des connexions de travail à St Tropez et trente et un ans après, Jipouille est encore là pour la luminosité si spéciale de ce village.
Une première saison éreintante en restauration, lui permet de partir cinq mois en voyage autour du monde. Il ramène des shorts de Bali. Les premiers sont vendus très rapidement mais tout est finalement volé dans sa voiture !
Sa voiture toujours…
Jipouille se débrouille – son surnom lui vient il d’ailleurs de cette rime ?
Il contacte des gens qu’il a rencontré en voyage et arrive à se procurer des bijoux qu’il vend sur les marchés de Saint- Tropez et Ste Maxime ; tout cela sans place attitrée.
Il prend en dépôt et paye ses fournisseurs une fois les produits vendus. Il apaise régulièrement ses parents au téléphone en les assurant de sa réussite et de son bonheur, alors que…
Mais heureusement, le courage, les multiples journées de 18h et toutes ces années de labeur finissent par payer et je découvre deux ravissantes boutiques.
Jipouille en a vu du pays : Asie, Amérique du Sud mais il a fini par conclure que St Tropez était décidément son paradis !
« Mais qu’est ce que je vais chercher ailleurs ? »
Amoureux de son pays, il s’investit au sein du CAP ( Cercle pour l’Avenir de la Presque Île) qui organise les Do you Saint-Tropez, fête de la musique, festival qui a même reçu Brigitte ou Ayo en 2019 : excusez du peu !
Jipouille et Isabelle connaissent par cœur leur fidèle clientèle et savent ce qu’elle cherche. Ils choisissent donc leurs modèles en mélangeant les styles : d’abord parce qu’ils ont une clientèle internationale et de tout âge mais aussi parce que c’est l’ADN du look tropézien : bohème, rock et chic !
Ce qui différencie ce look tropézien ? « Les gens osent ici, des choses qu’ils n’oseraient pas ailleurs ! » Et ce look, on vient le chercher chez Trinity désormais !
Quand je pense que Jipouille, est aussi celui qui a commencé avec 50 cm de stand sur le marché tropézien, et quelques portes clés qu’il fabrique avec des copains ! Il me raconte sa joie lorsque sur ce même marché, un client
en raffole et en commande une centaine à livrer à l’hôtel du Byblos.
Il souhaite les offrir à ses amis. « Ça ne me semble pas grand chose aujourd’hui mais à ce moment là de ma vie, c’était beaucoup. »
Un petit portrait à la Proust me sert de base pour mieux connaître mes interlocuteurs et quand je lui demande de me donner sans réfléchir un véhicule qu’il aime, c’est Isabelle qui répond :
« La Pagode » !
Je m’étonne : « La pagode ? »
Il m’explique : une vieille Mercedes de 1963, dont ils se sont séparés il y a peu de temps. « Le seul bien matériel que je regrette ! »
Une voiture encore… Mon esprit d’escalier me fait oublier de lui demander l’histoire de cette Mercedes et vu ses yeux attendris, elle doit en avoir à raconter !
Mais peut-être arriverez-vous à obtenir cette information, quand vous viendrez chercher cette exclusivité Trinity: un bijou Les Félicités – marque française – dans lequel vous pourrez y glisser une ou plusieurs pierres aux vertus apaisantes et protectrices !
Cela dit et ainsi que je vous l’avais promis, je parviendrai donc à savoir pourquoi Jipouille est connu à Saint-Tropez :
« Pour sa très grande réussite ! » finit par me confier Isabelle; Jipouille ayant eu la délicatesse de ne pas me délivrer lui même cette réponse. Il est vrai qu’en France, ça ne se crie pas trop fort !
« Il a commencé par 50 cm sur un bout de stand et à vendre des bijoux dans sa voiture et aujourd’hui, il a trois lieux de vente ! »
Oui, le troisième, étant une sélection que vous pouvez découvrir au restaurant Le Salama.
La voiture, encore et toujours… point de départ de toute cette histoire.
En repartant, je repense à quelques images, retrouvées récemment, de ma mère et moi petite fille, sur le marché de Saint-Tropez…
A t-on croisé Jipouille dans nos achats ? Est ce lui qui vendait des shorts du surplus de l’armée américaine, dont ma mère était fan à l’époque ? Décidément, il faudra que je revienne tirer tout ça au clair…
Et puis d’abord : moi aussi, je le veux ce bijou qui va me protéger !