Le Ranch de La Mène

Créé en 2003 par Anne, Alain Colanesi et leur fils Gino (qui avait 19 ans à l’époque), le Ranch était connu pour ses chevaux, ses spectacles équestres dominicaux, ses aires de jeux et sa ferme pédagogique.

Avec plus de 150 animaux comme pensionnaires (dont une cinquantaine de chevaux), il était un véritable paradis des enfants qui venaient y passer du bon temps avec leurs parents. Il n’y a plus rien…

Ce samedi matin d’automne, nous franchissons les portes du ranch pour réaliser cet article. Le soleil brille mais le décor est gris, les traces de l’incendie sont partout…

On distingue encore les deux drapeaux américains flottant à l’entrée, mais ils font peine à voir, déchiquetés en grande partie par le feu… On se gare sur le parking mais on ne sait pas trop où retrouver le propriétaire des lieux…

Les 500m² de bâtiments ont brûlé. Il n’y a plus rien. On entend au loin un bruit de tractopelle… en s’en rapprochant, nous apercevons enfin Gino, accompagné de son fidèle compagnon Timon, un beauceron aussi doux qu’imposant. Il fait « un peu de ménage » dans tous ces décombres…

Mais malgré la tristesse du paysage et le drame vécu, celui-ci garde sa bonne humeur et sa motivation. Il nous reçoit autour d’une table en bois, au milieu des ruines, dans son camp de fortune et revient sur ce jour terrible dont il oublie (surement volontairement ?) la date…

« Un ami m’a téléphoné en me disant qu’un incendie avait débuté au Maillon et qu’il venait vers nous… En à peine une heure et demi, grâce à une trentaine de bénévoles mobilisés, nous avons pu évacuer tous les animaux» confie-t-il.

Des petits rats et furets aux 50 chevaux en passant par les poules, il a fallu une organisation militaire avec des remorques, des voitures et même un cortège à pied pour évacuer tous ces résidents.

« Jusqu’au dernier moment, j’ai fait tourner les chevaux dans la carrière avec les bénévoles pour qu’ils s’entrainent à les manier.

Ils devaient pouvoir les emmener sur la route en toute sécurité et les éloigner du danger» raconte Gino. « Escortés par des voitures, nous avons emmené les chevaux à pied jusqu’à l’hubside (destiné habituellement au jumping) ouvert par le maire.

Tous les animaux y ont passé trois jours avantd’être relogés provisoirement sur des terrains privés» poursuit-il.

Dans l’heure qui a suivi l’évacuation, avant l’arrivée des flammes, le propriétaire et ses amis ont pu sortir quelques véhicules du ranch et ont essayé de maîtriser le feu : « avec des tuyaux puis avec des seaux, jusqu’à ce que l’on ait plus d’eau… on a quitté le ranch quand les flammèches ont commencé à nous tomber dessus».
« Je n’ai pas pensé à l’argent…»

Immédiatement, un véritable élan de solidarité s’est mis en place ainsi qu’une grande vague de générosité. « Des amoureux du ranch ont mis en ligne des cagnottes et nous avons reçu de nombreux dons, financiers et matériels.

Heureusement car nous n’avions absolument plus rien, ni toit, ni nourriture pour les animaux, même pas un ordinateur pour faire les démarches administratives.

Le feu n’a épargné que les anneaux des selles» explique Gino. Au lendemain du désastre, lorsque sa mère et sa tante arrivent sur place, il n’y a plus rien. Quand elles ont appelé Gino pour lui dire, ce n’est pas au côté financier qu’il a pensé.

« J’ai réfléchi et me suis dit que c’était semblable à une situation de guerre, il fallait donc agir en conséquence et viser les priorités : se nourrir, dormir et stocker. J’avais deux solutions : baisser les bras et me laisser aller ou me relever et agir vite.

Dans la vie, je me fixe toujours des objectifs, c’est comme ça que j’avance. J’ai donc pris les choses en main en commençant par créer un point cantine chez un ami pour nourrir les bénévoles, trouver un hangar pour stocker les dons de matériel, missionner une personne au Centre Leclerc pour récolter des dons.

Je n’ai pas pensé à l’argent mais aux besoins essentiels. Aujourd’hui, nous avons d’énormes frais et sommes toujours dans l’attente du retour des assurances qui devraient nous donner une réponse définitive en décembre…»

La sympathie et l’investissement de Gino et ses parents avec leur clientèle a été récompensée. Le Ranch a reçu des dons pas seulement du golfe de Saint-Tropez mais à l’échelle nationale et internationale : « on nous a envoyé du matériel d’Espagne, d’Allemagne et de Roumanie, du petit tournevis à l’équipement pour les chevaux.

Une gamine que j’ai croisée m’a même donné son carnet de notes pour que je redessine le ranch… ça fait chaud au cœur.

On remercie chaleureusement tout le monde !» Les cours d’équitation ont aussi pu reprendre rapidement grâce aux Prairies de la Mer, l’annexe estivale du ranch, qui a permis un prolongement exceptionnel.

Lorsque l’on demande à Gino quand va rouvrir le ranch et quels sont ses projets, il montre un bel optimisme : « Nous espérons une réouverture pour la saison à venir, pour juillet 2022.

Nous commencerons par remettre en place les balades à cheval et proposerons des nouveautés…» en effet, tentes western et tipis pour créer un camp de survie à l’ambiance scouts seront installés et des espaces de jeux accès sur la pédagogie seront créés.

Les enfants pourront suivre un parcours autour des animaux de la rivière et découvrir un parc d’insectes. Aussi, les nouvelles structures seront plus écologiques.

Une chose est sûre, on a hâte d’entendre à nouveau les sabots des chevaux et le rire des enfants dans ce haut lieu de gaieté.

Chemin de la Tour – 83310 Grimaud

Ranch : 06 11 81 11 32

Restaurant : 06 26 55 10 26